Napoléon bientôt de retour...
Souvenez-vous, c'était en 2014... L'homme avait quitté le Pays de Molière pour des raisons professionnelles afin de rejoindre le sol belge. Il avait alors profité de cette expédition pour sillonner le Condroz, se faire un nom mais aussi et surtout se faire de nombreux amis. Cette histoire d'amour entre le frenchie et la Belgique avait débuté par une éclatante victoire à Nandrin où il avait déposé son plus proche poursuivant à plus ou moins trois minutes. Cette même année, il remportait également Solières avant de se lancer sur les cross-country. C'est en 2015 que celui que l'on finira par surnommer « Napoléon » va étendre son pouvoir en surclassant la concurrence et en plantant son drapeau sur les territoires de Hermalle-sous-Huy, Hamoir, Neupré, Ocquier, Pailhe, Terwagne et Villers-le-Temple. Pour les habitants de la région Huy-Waremme, il devient cet empereur français irrésistible et déterminé qui sera malgré tout obligé de s'incliner devant le roi de la cité ardente, Benoit Pâques, avant de repartir vers l'hexagone. Néanmoins, cette aventure entre le français et la Belgique n'est pas terminée puisque l'an dernier, il avait effectué un bref retour et avait décroché une deuxième place sur le parcours de la Corrida de Hermalle-sous-Huy derrière Raphael Durviaux. Cette année, il remet le couvert et promet d'être présent lors du jogging de Pailhe le 19 avril à condition de trouver une bonne âme pour le loger. Interview avec le revenant GEOFFROY BOUCARD...
Photo : Louis Maréchal.
Bonjour Geoffroy, comment vas-tu ? Dans quelle forme es-tu par rapport à juillet 2018 ?
« Je vais bien merci. Toutefois, actuellement, c’est trop tôt pour être compétitif! En effet, j’ai subi une grosse intervention chirurgicale en septembre dernier. Je m’explique. J’ai débuté les compétitions en course à pied depuis 2013, après une expérience de 20 ans en football. La course à pied, ça m’a plutôt bien réussi en termes de performances pendant 4 ans, mais en mai 2017, juste après ma victoire à Vyle-Tharoul justement, les déboires se sont amplifiés. Tout simplement, des blessures se sont succédées: de la contracture musculaire, en passant par l’aponévrosite plantaire et l’inflammation au bord de la crête iliaque, mais surtout une tendinite d’Achille à gauche. Une IRM en décembre 2017 a révélé l’absence de deux ligaments sur ma cheville gauche et une fracture du talus, le morceau tenant encore en place par le saint-esprit… En fait, la meilleure hypothèse dit que je me traînais ça dans le pied depuis 2003, lorsque j’avais eu une grave entorse de cette même cheville. Les années de compétitions en course à pied, notamment les trails de montagne, auront révélé ces problèmes que je ne connaissais pas, provoquant successivement des blessures de compensation. Quelque part, je l’ai su grâce à la course à pied, donc je ne regrette rien de mes choix en course à pied.
L’année dernière, à Hermalle, je sortais une bonne performance au milieu de phases alternant entraînement et désentraînement, mais l’opération était déjà prévue pour septembre. Et celle-ci n’a pas été légère. D’abord, la tendinite d’Achille gauche n’en était pas vraiment une, il s’agissait d’une inflammation liée à un frottement du plantaire grêle, muscle qui ne sert à rien, et le tendon d’Achille. On m’a donc retiré ce tendon du plantaire grêle, pour le faire matcher à la place du ligament antérieur externe manquant de la cheville, une belle ligamentoplastie! Plus invasif, on m’a aussi cassé le tibia au niveau de la malléole interne pour enlever le morceau fracturé du talus, on a prélevé des carottes osseuses dans mon genou gauche, et on les a greffés à la place du morceau manquant du talus. Deux mois d’immobilisation, j’ai perdu + de 10 % de volume de la cuisse gauche par rapport à la droite, et j’ai trimé en kiné depuis novembre 2018, pour réapprendre à marcher, pour rendre un peu plus flexible le pied, et finalement reprendre pour l’instant faiblement le footing à 6 mois post-op en mars. Heureusement, je garde les intensités en vélo à côté et j’ai repris la natation, sans compter le cross fit, le gainage, et les séances muscu de la cuisse gauche. Je prépare mon retour, je ne sais pas quand ce sera, mais il sera là un jour, mon objectif étant de devenir plus fort avec ce pied plus robuste dans le futur. Raisonnablement, j’espère un retour en forme à 1 an post-op en septembre-octobre. Donc, pour finir, autant le dire, je ne serai pas compétitif à Pailhe, je ne viens donc certainement pas pour la gagne, je viens profiter de l’ambiance. »
Pourquoi revenir ce week-end là ?
« Je suis en déplacement professionnel une semaine du 15 au 19 avril au centre de recherches du cyclotron à Liège, au niveau du Sart-Tilman. C’est la suite de la collaboration que j’ai entreprise il y a 4 ans avec le professeur et docteur Gaëtan Garraux. Je reviendrai d’ailleurs une semaine en juillet 2019. »
Pourquoi choisir le jogging de Pailhe ?
« Il se trouve que la semaine que j’ai définie pour venir en mission professionnelle tombe la semaine du jogging de Pailhe. Forcément, je ne peux pas ne pas faire le détour dans cette contrée, pour des raisons sportives mais aussi amicales d’après-jogging. Cela m’évoque plein de bons souvenirs. Au niveau sportif, c’est ici que j’avais passé une superbe course face à Yves Simonet en 2015, la seule fois que je réalisai ce jogging. Je me rappelle avoir une vingtaine de secondes d’avance avant l’arrivée, mais m’être trompé de chemin 500m avant l’arrivée. Yves m’avait attendu et avait insisté pour me laisser la 1ère place. Pailhe, c’est le meilleur souvenir fair-play de ma vie de runner ; merci Mr Yves Simonet. Si bien que quelques joggings et semaines plus tard, je rendais la pareille en termes de fair-play à Benoît Pâques dans une situation relativement proche au jogging de Bois-et-Borsu. »
La Belgique te manque-t-elle ?
« La Belgique m’a pas mal manqué pendant un an après mon retour en France fin 2015, particulièrement les moments joggings, sportivement et humainement parlant. Aujourd’hui, je suis content de pouvoir y revenir 1 à 2 fois par an, et j’ai comme le sentiment de reprendre la vie là où je l’avais laissée la dernière fois que j’étais venu. C’est toujours un plaisir que de revoir les joggeurs de mon ancien club, le Seraing Athlétisme, de même que les habitués du challenge condrusien, mais aussi les runners avec qui j’ai du batailler pour progresser. Au final, la Belgique ne me manque plus, car je sais que j’y reviens quand je veux, et que rien n’a changé. »
Quelle est la différence entre ta vie en France et celle que tu avais en Belgique ?
« D’abord, la gastronomie est un peu différente. Bien sûr, on ne mange pas le plat typique boulet frites en France, et la sauce Lapin, ça sonne bizarre pour un français qui n’est jamais venu à proximité de Liège. Niveau « breuvages », moins de choix bien évidemment côté bières et service à la pression. Mais je me réjouis toujours de mes terres girondines et de ses très bons vins, accompagnés de très bons fromages savoyards, bien que la Belgique propose aussi de très bons fromages comme celui de Herve et de Aubel.
Côté itinérance, c’est gratuit les autoroutes en Belgique, mais pas en France ! On n'a pas de points à permis en Belgique donc si on fait une petite infraction, on paye une amende et c’est réglé, alors qu’en France, on perd des points en partant sur un total de 12 points au départ. Finalement, ce qui m’amuse toujours, ce sont les différences de représentations quant à la distance à parcourir pour se rendre chez un ami ou en vacances. Une heure de route, c’est relativement très loin pour un(e) belge, alors qu’en France, ça se fait facile (rire...).
Je trouverais encore des tonnes de différences, rien que sur les expressions évidemment. J’en ai d’ailleurs gardé quelques-unes dont je ne me détache pas et que j’utilise toujours comme « tantôt », « steplé ? » quand j’ai pas entendu quelque chose, et surtout le « tu ris ? » où un français dirait « tu rigoles ? ». Je crois que j’ai gardé du belge en moi finalement (rire...). Mais c’est toujours plaisant que d’évoquer à mes camarades français le « best of » de mes expressions belges préférées, genre « ça peut mal ? », « c’est quand que tu retournes ? », « ça t’a bien goûté ? », « moi bien », etc. J’en ai quelques-unes de mes terres d’origine qui sont sympa aussi : « on va sortir les cheuns » (chiens), « j’aime passer la since » (l’essui chez vous , ou serpillère en France), « j’adore les chocolatines » (pain au chocolat dans le sud-ouest)… C’est cadeau pour vous !
Finalement, je manquerais de place et de temps pour évoquer d’autres contextes de différences mais je vais évidemment finir par les joggings. En Belgique, je trouve ça génial qu’on ait des courses le vendredi soir ou samedi soir d'avril à septembre sur le challenge Condrusien ; c’est peu fréquent en France ces jours et horaires pour les joggings. De plus, les joggings sont à 10h – 10h30 le dimanche matin en Belgique contre 9h-9h30 en France. Les prix d’inscription sont en moyenne plus bas en Belgique et on n’a pas besoin de certificat médical alors qu’en France, si. Et il y a évidemment l’après-jogging festif sous chapiteau qui ne se retrouve pas en France. »
Rien qu'en l'écoutant ou en lisant, on a déjà hâte de recroiser sa route! Pour cela, rendez-vous le 19 avril au Jogging de Pailhe.
Date de dernière mise à jour : 12/11/2020
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