Chloé Herbiet, l'étoile de demain

Chloé Herbiet ... Voilà un nom qui ne vous dit peut-être pas grand chose et pourtant ! Vice-championne de Belgique universitaire sur 1500m indoor, médaillée de bronze lors du championnat de Belgique indoor en catégorie espoirs, capable de boucler un 5000m à près de 17km/h, Chloé Herbiet poursuit sa route discrètement et amasse les breloques. Celle qui soufflera ses 22 bougies ce jeudi pourrait devenir très prochainement une référence dans le milieu de l'athlétisme notamment grâce à une progression linéaire et constante malgré quelques bobos. Le moment est venu de retracer son histoire et d'en savoir un peu plus sur elle...

Photo : Geoffrey Meuli.

[ SON HISTOIRE ]

Inspirée par une de ses amies, Chloé a débuté l'athlétisme à l'âge de 16 ans au Cercle Athlétique de la Famenne Marche - Barvaux. Alors coachée par Olivier Devaux qui est considéré comme très patient et prudent avec les jeunes, l’adolescente a voulu viser plus haut et a rapidement pris le chemin du Waremme Athletic Club Oreye afin d'obtenir des entraînements plus spécifiques. Ce qu'elle adore dans la course à pied ? Le dépassement de soi, repousser ses limites, découvrir les capacités de son corps et ressentir ce sentiment de fierté après avoir effectué un bon entraînement. Prise en main par Thomas Vandormael il y a trois années de cela alors qu'elle était juniore, elle n'a cessé de progresser au fil du temps passant notamment d'un chrono de 2'24" sur 800m à celui de 2'16" réalisé récemment, le 16 septembre 2020. La collaboration avec Vandormael se passe merveilleusement bien, la jeune athlète est déterminée, enthousiaste, travaille dur pour parvenir à ses objectifs et parvient plutôt bien à jongler avec ses études de sage femme. Le moins que l'on puisse dire est que 2020 aura été un bon cru pour elle puisque seulement quatre jours après avoir accouché son record sur 800m, elle réalisait son record sur 1500m outdoor à Verviers grâce à un chrono de 4'40"22. Et son histoire ne fait que commencer...

[ L'ASSOCIATION HERBIET - VANDORMAEL ]

Si elle en est là aujourd'hui, c'est assurément en partie grâce à Thomas Vandormael et à son style d'entraînement à l'américaine. Comment vivent-ils cette collaboration ?

« En passant avec Thomas, j'ai vraiment compris ce que c'était que de s'entrainer, de se donner à fond, d'être dans le lactique, d'avoir dur et de s'accrocher » confie-t-elle avant que le coach ne prenne la parole à son tour. Il se montre particulièrement élogieux à son égard en déclarant que « Chloé est une jeune fille adorable, extrêmement gentille, discrète, mais attentive aux autres. Donc c'est une grande chance de l'avoir dans un groupe d'entrainement. Elle est vraiment une fille courageuse : elle se lève à 5h du matin pour ses stages, elle gère sa vie toute seule, elle s'entraine dans toutes les circonstances, à toutes les heures, souvent seule. Elle est assez admirable, pour bon nombre de gars du groupe, qui ont, pour certains, beaucoup plus de talent, mais pas encore autant d'abnégation et d'implication. Mes gars du 800 sont les spécialistes ». Cela avant d'aborder le côté un peu plus sportif : « Elle venait du CAF et la transition a parfois été rude pour passer aux choses sérieuses. Il a fallu un petit temps d'adaptation pour Chloé parce qu'elle a intégré notre groupe en tentant d'abord de s'entrainer avec les filles qui fusaient dans le top niveau déjà au même âge qu'elle. Depuis, on a pu mieux définir la méthode qui lui convient, et un entrainement plus orienté 1500-5K que 800-1500, même si c'est sur ces deux épreuves qu'elle a concouru cette année. J'ajoute qu'elle veut souvent trop bien faire, et attaque trop volontiers dans ses footings, même de récup. Je dois parfois user de subterfuges pour la freiner un peu ».

[ QUELLE CHARGE D'ENTRAINEMENT ? QUELS OBJECTIFS ? ]

L'hiver dernier, Chloé tournait à 70-75km par semaine et était parvenue, sans préparation spécifique, à boucler les 10 kilomètres de la Corrida d'Andenne en seulement 38 minutes et 40 secondes. Une performance qui l'expédiait sur le podium aux côtés de Mathilde Jacquemin et Delphine Thirifays. Quelques jours plus tard, rebelote lors de la Corrida de Ciney où elle obtenait un nouveau podium grâce à un chrono de 38'52". Deux résultats assurément déclics qui ont permis au professeur et à son élève de prendre conscience des qualités d'endurance et de résistance de cette dernière.

« Depuis l'hiver dernier, j'ai remarqué que je me sentais vraiment bien en endurance et que mes tempos étaient pas mal du tout. On a donc ensuite décidé de me mettre plus sur le 1500m. J'étais en pleine forme cet hiver, réalisant deux titres indoor sans spécifique... Seulement avec mon fond. Les sorties tempos sont mes entrainement préférés. J'adore enchaîner des 1000m ou même des 2000m. Thomas trouve toujours de chouettes entraînements originaux et très bénéfiques » avoue-t-elle. Même son de cloche du côté de son entraîneur : « Dans les entrainements au seuil, les séances longues, je vois qu'elle tire son épingle du jeu ».

Et il n'hésite pas à dégainer en allant plus loin dans ses pensées : « Personnellement, j'aimerais bien la voir tâter le bitume sur de vraies distances de la route, comme le semi ou le marathon, mais on n'est pas du tout encore là. Mais je pense qu'elle serait très surprise de son potentiel sur le fond long. Elle sait faire 20km à l'entraînement en moins de 4.10 de moyenne, en guise de sortie du dimanche, le lendemain d'une séance intense. C'est pas donné à tout le monde ».

Aujourd'hui, Chloé court 80 à 90km/sem avec comme seuls objectifs en tête de battre son record sur 10k route et de ne plus se blesser. Car oui, la seule chose qui empêche cette bombe d'exploser, c'est ce corps plutôt fragile qui vient constamment la freiner dans sa progression. Une chose est sûre, Chloé Herbiet monte en puissance. Ce samedi, elle a réalisé un chrono de 17 minutes et 44 secondes sur un parcours bitume de 5k mesuré à la roulette, soit du 3'32"/km. Le tout sans chaussures avec plaque en fibre de carbone, interdites par le coach : « Je suis un peu old school. Mes coureurs étaient sans carbone aux pieds. Je suis pas un vieux réac, mais à l’ancienne c’est quand même plus fiable pour évaluer. Les GPS et les Vaporflys font faire des exploits sur Strava et Instagram...mais je suis plutôt un adepte du retour aux sources ».